Bim mode de gestion de projet collaboratif utilisé par Keops Architecture

Entretien avec Patrick Garon associé de l’agence d’architecture Keops Architecture de Roanne

Le BIM (Building Information Modeling), la gestion de projet collaborative

L’entreprise propose plusieurs types de services : architecture et urbanisme, architecture d’intérieur, économie de la construction et ingénierie fluides. L’équipe travaille sur des projets de construction ou de rénovation d’équipements publics, de logements, mais aussi de bâtiments industriels ou commerciaux. Sa zone d’action est nationale.

Comment avez-vous intégré le numérique dans votre quotidien ?

Le numérique a apporté le passage de la 2D à 3D. Le mouvement s’est accéléré depuis 4/5 ans. Avant les outils de modélisation, nous dessinions à la main. Nous préparions un premier calque, puis nous le recommencions plusieurs fois : esquisse, avant-projet simplifié et détaillé. Sur chaque claque, nous passions beaucoup de temps. Grâce aux logiciels de conception, la profession a gagné énormément sur le tracé et le dessin. Cela libère du temps pour mieux concevoir et mieux communiquer avec nos clients.

Nous sommes en train de développer les visites virtuelles en immersion parce que nous ne voulons pas être en retard, voire nous souhaitons être un peu en avance. Nous allons régulièrement dans les salons consacrés au numérique pour nous tenir informés.

Vous parlez d’outils de conception. Que pensez-vous du BIM ?

Le BIM devient incontournable. Dans notre cabinet, nous avons un référent BIM. Il y a plusieurs façons d’utiliser le BIM : pour le déroulement du chantier, pour l’approche technique de conception, pour faciliter la maintenance… Derrière le terme BIM se cachent plusieurs définitions. En effet, l’acronyme BIM sert tout aussi bien à designer la maquette numérique du bâtiment (Building Information Model) que les processus menant à la mise en place de ce modèle (Building Information Modeling) et également la gestion des données contenues dans le modèle (Building Information Management).

En tant qu’architectes, nous avons un rôle à jouer. Certes, il faut plus de temps dans la phase étude, mais cela permet d’en gagner en phase chantier, par exemple en modélisant en amont l’ensemble des réseaux de fluides (voir maquette ci-contre).

Pour nous, cela permettra à l’architecte de reprendre la main sur son projet. En tant que manager, nous pourrons organiser plus facilement tout le travail de planification, la relation avec les cotraitants et les entreprises.

À plus long terme, j’imagine même qu’on va aller vers le permis de construire en BIM.

Votre dernier projet numérique concerne la réalité virtuelle.

Quelle est la genèse de ce projet ?

Nous avons l’intime conviction que la réalité virtuelle facilite la communication avec le client. Nous recherchions une passerelle entre notre logiciel de conception et les logiciels de réalité virtuelle. Nous voulions faire les visites des logements en immersion.

En investiguant, nous nous sommes rendu compte que ça n’était pas très compliqué. Nous sommes donc en train de mettre en place une solution et nous pensons l’utiliser pour l’ensemble de nos projets d’ici la fin 2018.

Concrètement, comment ça se passe ?

Notre but est que le client se voit équipé d’un casque dès son entrée dans l’agence. Nous le faisons asseoir, nous lui donnons une manette, et c’est parti ! Il peut se déplacer dans le projet comme s‘il se déplaçait dans le logement. Sinon nous réalisons des films réalistes, pour se promener sur le projet.

Quels bénéfices retirez-vous de cette avancée numérique ?

On teste les visites virtuelles sur une opération actuellement. Les retours sont bons, les clients sont rassurés. C’est assez vendeur. Mais on a aussi des remarques très surprenantes : certaines personnes ne regardent plus les volumes, la disposition des pièces, etc.

Elles nous font des remarques sur des points de détails ne concernant pas l’architecture, comme la couleur du canapé qu’elles n’aiment pas !

Pour aller vers encore plus de réalisme, nous avons commencé à utiliser des drones qui permettent de simuler la vue depuis chacun des logements. Le client peut ainsi voir la vue qu’il aura réellement alors qu’avant nous faisions des visuels à la main, qui ne correspondaient pas vraiment à la réalité.

Et de votre côté, comment se passe la conception ?

La conception du projet est faite en amont. Par contre, ce travail nous sert à valider les éléments par la visualisation fidèle du projet. Il faut s’équiper d’ordinateurs puissants et de logiciels spécialisés, optimisés pour le graphisme. En tant que cabinet d’architecture d’intérieur, nous avions déjà des compétences en design, mais ce type de travail nécessite de développer de plus en plus de compétences d’infographiste. Plus on s’approche du photoréalisme, plus il faut développer ces compétences.

Le travail de mise en forme est assez fastidieux. Il faut deux ou trois jours pour générer la maquette virtuelle d’un appartement. Le travail du rendu de l’éclairage est très important.

Le processus de création n’est pas fluide, il est morcelé. Nous passons notre temps à faire des allers-retours. À chaque fois, le logiciel génère des calculs pour afficher l’élément. Il faut donc le laisser travailler, et revenir dessus plus tard.

Ce travail, nous le réalisons en plus de nos prestations classiques, et il est très difficile à vendre. Notre objectif est donc qu’il prenne le moins de temps possible.

Quelle est la prochaine étape ?

Permettre au client de bénéficier du même service chez lui. C’est là que se posent les questions de compatibilités des formats de fichiers et de leur transférabilité.

Interview réalisée par les équipes de l’ENE, Florence Hautdidier, Gaëlle Saouter et Aurélien Preto. Publiée dans le guide du bâtiment numérique